Le Tour de France 2008 s'est achevé hier en refermant avec lui trois victoires françaises, des cas de dopage et le sacre de Carlos Sastre.
N'en déplaise aux vendeurs d'âmes, faisons le bilan du Tour de France 2008 en restant exclusivement factuel. Ce sera donc au final Carlos Sastre (Team CSC Saxo Bank) qui s'octroie le 95ème Tour de France après une lutte à six de tous les instants. Finalement, à quoi se joue une victoire finale sur la Grande Boucle ? A une équipe homogène sur tous les terrains, une chute de Denis Menchov sur les hauteurs de Prato Nevoso, un virage trop large incommodant le corps d'Alejandro Valverde (Caisse d'Epargne) ou de Cadel Evans (Silence-Lotto). Bref, cela se joue à 58 secondes. Certes, Carlos
Sastre n'est pas le plus charismatique, ni le plus souriant des vainqueurs du Tour mais ne lui ressortons pas son passé à côtoyer Manolo Saiz, actif dans l'affaire de dopage sanguin dénommé "affaire Puerto". Tout en restant sur nos gardes, Carlos Sastre est ressorti vainqueur de la lutte en ne portant qu'une attaque qui s'avérera décisive.
Des membres du club des cinq prétendants à la victoire finale en bas de l'Alpe d'Huez, il est certainement celui que l'on attendait le moins. Relégué à 49 secondes au départ d'Embrun, direction l'Alpe d'Huez, il lui aura suffit d'une attaque pour décrocher le Maillot de lumière. Et ce n'est qu'au soir de cette acquisition que l'on a su qui était le véritable leader de la Team CSC Saxo Bank entre lui et Frank Schleck. Une tactique souvent décortiquée mais qui au bout du compte s'est avérée la bonne. Ou plus précisément, qui n'a pas trouvée de résistance. En effet, l'équipe de Cadel Evans, la Silence-Lotto a été composée de telle sorte que l'Australien soit guidé dans les Massifs mais comme il le dit lui-même "à chaque fois que je me retournais, je voyais un CSC." Tous les efforts qu'il a dû fournir afin d'éteindre les offensives de l'équipe danoise ont finalement montré leurs effets lors du dernier contre-la-montre où le Wallabie n'a jamais pu bondir vers l'avant.
Avant cela, la Bretagne a accueilli le grand départ dans une ferveur toujours aussi sincère. Romain Feillu (Agritubel) a vêtu le Maillot Jaune à Nantes pour parader seul autour de Cholet pendant les 29,5 kilomètres du contre-la-montre de Cholet. Un exercice chronométré maîtrisé par Stefan Schumacher (Gerolsteiner), tout comme à Saint-Amand-Montrond, privant le double champion du monde de la spécialité, Fabian Cancellara (Team CSC Saxo Bank) d'un succès. Riccardo Ricco a trompé le cyclisme après ses victoires à Super-Besse et à Bagnères-de-Bigorre alors que les Pyrénées ont récupéré tous les espoirs d'Alejandro Valverde. Avant la traversée des Alpes, Mark Cavendish a fait le plein avec 4 victoires d'étape, tandis que les Français ont prouvé leur bonne forme du début de saison. Trois garçons (Samuel Dumoulin, Sylvain Chavanel (Cofidis) et Cyril Dessel (Ag2r La Mondiale)), déjà vainqueurs plus tôt dans la saison, ont obtenu à la force du jarret leur première victoire d'étape sur le Tour de France. Le cas positif de Dmitry Fofonov (Crédit Agricole) sur les Champs-Élysées gâche légèrement la fête alors que d'autres cas pourraient être annoncés en fin de semaine. Mais, 10 ans après l'affaire Festina, le cyclisme est sur la route du renouveau.