Cavendish, le matador

Tel un ogre, Mark Cavendish s'impose pour la 4ème fois à Nîmes sur la 13ème étape du Tour de France devant Robbie McEwen et Romain Feillu.

Le Tour de France a des airs de vacances. Passé le 14 juillet, on se détend, on bronze on rêvasse auprès de la Méditerranée. Depuis le jour de repos de ce mardi 15 juillet, les coureurs restants du peloton s'approchent de cette configuration. Sauf que le plus dur est à venir. Après un premier écrémage dans les Pyrénées, il faut atteindre les Alpes, le Massif qui peut légitiment définir le vainqueur de la 95ème édition. Et la transition peut paraître longue quelques fois. N'en voulons pas aux coureurs qui commencent à user leurs organismes par l'amoncellement des efforts effectués depuis deux semaines. D'autant plus que le décor rocailleux et désertique incite davantage à l'oisiveté qu'à un dur labeur. Avec ces 182 kilomètres entre Narbonne et Nîmes, les coureurs lèchent la Méditerranée dans une touffeur encore inédite depuis le départ de Brest.

Il ne sert à rien de laisser un soi-disant suspense puisque cette 13ème étape a été longue, tout du moins, dans sa grande majorité. Le "bon coup" part dès le kilomètre initial avec l'association entre le Hollandais Niki Terpstra (Team Milram) et l'ancien champion de France, Florent Brard (Cofidis). L'équipe nordiste aura donc pratiquement placé un homme dans l'échappée du jour. Brard est de ceux-là pour la deuxième fois sur la Grande Boucle après son escapade entre Cholet et Châteauroux où il a été repris sous la flamme rouge. Ils accumulent promptement 9'55" qui sera l'écart maximal du duo (Km 21). Le peloton préfère réduire son retard entre 6 et 7 minutes pour éviter une éventuelle surprise dans les derniers instants de la course de ces deux baroudeurs de qualité.

Car Niki Terpstra, âgé de 24 ans, est tout de même octuple champion de Hollande sur piste et vainqueur du classement de la montagne au Tour des Pays-Bas en 2007. Quant à Florent Brard, il a endossé le maillot de champion de France du contre-la-montre en 2001 et le maillot de course en ligne en 2006. Le Tourengeau, certainement inspiré par cette arrivée à Nîmes, ville de sa première victoire professionnelle lors de l'Etoile de Bessèges 2001. Sans faire injure, aucune aux deux hommes de tête, les animations majeures ont lieu autour de l'épreuve. Tout d'abord, on a appris que Riccardo Ricco, pour pratiques dopantes et Leonardo Piepoli, pour violation du code éthique ont été licenciés par l'équipe Saunier Duval-Scott. La rumeur comme quoi deux nouveaux coureurs seraient interpellés dans les prochains jours dont un Saunier Duval amène directement vers Leonardo Piepoli, vainqueur d'étape à Hautacam.

Ensuite, pour des raisons encore inexpliquées, un véhicule de la caravane publicitaire a pris feu dans la Côte de Puéchabon (Km 105,5). La plate-forme est entièrement partie en fumée et le conducteur a été légèrement touché au visage et au bras. Quatre voitures de particuliers ont subi des dommages collatéraux puisqu'elles ont été incendiées après l'arrêt du véhicule publicitaire. La garrigue desséchée a commencé à alimenter le feu mais les pompiers ont arrêté les dégâts. Pour revenir à la course en elle-même, l'agitation prend forme dans les 30 derniers kilomètres. Juan-Antonio Flecha (Rabobank) et Stéphane Augé (Cofidis) partent en chasse patate faisant fuir Terpstra qui décide de mettre fin à sa collaboration avec Brard. Le tout à 27 kilomètres de la ligne d'arrivée. Alors que Flecha ne poursuit pas son effort et laisse un duo Cofidis menait la chasse sur le rouleur hollandais, le peloton est implacable.

Ce pistard de formation amène du braquet mais il découvre la désagréable surprise que le vent vient de face. Il capitule à 10 kilomètres du but. Alors que tous les coureurs sont de nouveau réunis, le peloton déboule dans les rues de Nîmes. Et on évite de peu un drame incommensurable avec la chute de Sven Krauss (Gerolsteiner) qui s'échoue sur un panneau de séparation. Son vélo est littéralement fracturé en deux parties après qu'il soit monté à deux mètres de haut. Mais les sprinteurs n'ont pas le temps de gamberger. Dans la ville reconnue pour son arène, ils doivent trouver leur toréro. Les taureaux sont lâchés sur une avenue dégagée. Les piques sont lancées de toute part mais celui qui maîtrise le mieux la mise à mort est sans conteste Mark Cavendish (Team Columbia) qui remporte la corrida devant Robbie McEwen (Silence-Lotto) et Romain Feillu (Agritubel). Avec quatre victoires d'étape sur cinq sprints massifs disputés, l'Anglais peut même être catalogué comme le matador des sprints.

Demain, les baroudeurs pourraient profiter du Col de l'Orme (4ème catégorie) placé à 9 kilomètres de l'arrivée pour empocher la 14ème étape entre Nîmes et Digne-les-Bains (194,5 kilomètres).

Classement 13ème étape :

1. Mark Cavendish (GBR, Columbia) les 182 km en 4h25'42"
2. Robbie McEwen (AUS, Silence-Lotto) m.t.
3. Romain Feillu (FRA, Agritubel) m.t.
4. Heinrich Haussler (ALL, Gerolsteiner) m.t.
5. Oscar Freire (ESP, Rabobank) m.t.
6. Thor Hushovd (NOR, Crédit Agricole) m.t.
7. Leonardo Duque (COL, Cofidis) m.t.
8. Erik Zabel (ALL, Milram) m.t.
9. Julian Dean (AUS, Team Garmin-Chipotle) m.t.
10. Sébastien Chavanel (FRA, Française des Jeux) m.t.

enfin on a vu Mc Ewen